26 août 2024
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Pour un gouvernement d'union républicaine

Par François Cormier-Bouligeon, député du Cher.


La proposition de M Mélenchon d’un gouvernement NFP sans participation de LFI est, comme souvent chez le leader d’extrême-gauche (comme toujours ?), derrière l’habilité du « bougé », un véritable piège pour la France.


Nous devons au contraire, j’en ai la conviction, préférer un gouvernement de large union républicaine, reposant solidement sur les groupes de l’arc républicain de l’Assemblée nationale et du Sénat, à un fragile gouvernement NFP, même sans participation de LFI.


Et cela pour au moins six raisons que voici :

1/ Personne n’a gagné les élections de juillet. Certes, le bloc central les a perdues. C’est un fait établi que nous avons reconnu le soir même. Mais, fait inédit sous la Cinquième République, personne ne les a gagnées. Certes la coalition du NFP possède une légère avance, mais si faible qu’en réalité il n’existe d’adhésion forte à aucun programme. La réalité est cruelle, mais c’est la réalité.

2/ Soyons précis pour expliquer pourquoi, et contrairement à ce qu’assènent ses leaders, le NFP n’a pas gagné les élections. 192 députés NFP élus, cela signifie que les candidats de la coalition de gauche ne sont arrivés au premier tour en première ou deuxième position que dans 192 circonscriptions sur 577 et au mieux troisième dans les 385 autres circonscriptions. 192 sur 577. Un tiers ne fait pas la majorité. Les dirigeants du NFP auront beau désigner pour Matignon tous les chefs du bureau de la mairie de Paris qu’ils voudront, cela ne modifiera en rien l’implacable arithmétique démocratique dictée par les Français, les seuls souverains dans notre République. Sans soutien d’une majorité de Français en sa faveur, il n’est en rien légitime d’appliquer le programme du NFP, tout ce programme et rien que ce programme.

3/ Avec 100 députés de moins que la majorité absolue, cette coalition ne dispose, qu’on le regrette ou qu’on s’en réjouisse, d’aucune solidité donc aucune stabilité. Un gouvernement reposant sur cette seule assise, aussi ténue, serait à la merci de la première motion de censure. Notre pays a besoin de stabilité et non d’une gouvernance par à-coups.

4/ Autre facteur bloquant, qui peut croire que l’absence de ministres Insoumis protègerait le NFP de la menace LFI ? Les députés mélenchonistes représentent 37% des parlementaires NFP et ceux-ci resteraient muets, sans exigence ? Ils seraient devenus calmes, sages, arrangeants durant l’été ? Comment peut-on croire à cette fable à propos de ce qui est, rappelons-le, un groupuscule dépourvu de démocratie interne, dont le leader impose à ses soldats de pratiquer la violence politique avec sa théorie « du bruit et de la fureur ». Lui-même donne l’exemple du pronuciamento à l’exemple de sa revendication-appropriation de la « victoire » dès 20h03 le 7 juillet, sans le moindre égard pour ses « alliés ». Attention danger ! Les Français l’ont parfaitement compris.


Tout cela fait déjà beaucoup. Il reste pourtant deux points essentiels à souligner.


5/ Comment ne pas voir qu’il n’existe aucune cohérence politique au sein du NFP, aucun programme commun. Nous ne sommes pas en 1981. François Mitterrand était en position de force vis à vis du PCF, Olivier Faure est faible vis à vis de LFI. C’est bien Jean-Luc Mélenchon qui mène la danse et tient la plume. Autrement dit Jean-Luc Mélenchon tient le colt et Olivier Faure creuse… la tombe de la gauche de gouvernement. Car le programme du NFP, c’est le programme de LFI. Et les sociaux-démocrates (européens, républicains, favorables à l’économie de marché, etc.) se retrouvent contraints à accepter les diktats des Insoumis (trotskistes, anti européens, communautaristes, favorables à une économie administrée, etc). Or faute d’un programme gouvernemental commun, une fois passés les totems du Smic à 1600€ et de la retraite à 60 ans, qu’en serait-il des politiques industrielle, agricole, énergétique, de défense, de recherche, d’innovation, de construction européenne, etc. ? On ne gouverne pas un pays comme la France à hue et à dia.

6/ Enfin, la candidate qu’ils se sont choisie pour Matignon, outre son inexpérience et son profil parisiano-technocratique, n’a aucune surface politique et n’aurait aucune autorité. Elle serait condamnée à prendre ses ordres chaque matin auprès des Insoumis de M Mélenchon, puis des socialistes de M Faure, puis des écologistes de Mme Tondelier, puis des communistes de M Roussel. Chacun de ses ministres aurait infiniment plus de poids politique qu’elle. Ce serait la première Première ministre à inaugurer les chrysanthèmes. Nous ne serions plus en régime présidentiel, nous ne serions pas en régime parlementaire, nous serions rabaissés à un régime aux mains des partis, sans légitimité politique, autrement dit le chaos, la chienlit comme aurait dit le Général.


Que l’on attende pas de moi un soutien à cette illusion qui ne peut réserver qu’un avenir cruel à la France.


Mais l’on peut tout attendre de moi pour travailler à construire une culture du compromis, condition sine qua non pour nous sortir du « tout ou rien » infécond et dangereux, et ainsi garantir un gouvernement reposant sur une majorité large et stable.


Prenons ensemble conscience du danger et de la chance que le contexte né des élections de 2022 et de 2024 porte en lui.


Le danger viendrait de la poursuite des affrontements caricaturaux, des conduites irresponsables, des politiques à la petite semaine, des calculs électoralistes court-termistes. Certains dirigeants politiques et militants, certains journalistes et commentateurs s’en repaissent. Cela pourtant nous tire vers les abysses.


L’opportunité, c’est le changement de culture politique évoqué plus haut, changement d’habitudes, changement d’état d’esprit : ne penser qu’à l’avenir de la France, à l’intérêt supérieur de la Nation, au bonheur des Français. Réconcilier prospérité économique, plein emploi, augmentation du pouvoir d’achat, amélioration des conditions de travail et consolidation des services publics, c’est souhaitable et c’est possible !


Idéaliste ? Peut-être. Indispensable ? Sûrement ! Qui ne voit pas que Mme Le Pen et M Bardella restent plus que jamais en embuscade. L’ignorer pour les républicains serait périr. Nous nous y refusons. Parce que nous aimons la République et la France !

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